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ART. II. SYSTÈME DE M. WHISTON.

dre et d’un chaos informe il en a fait une habitation tranquille et un séjour agréable. Les comètes sont en effet sujettes à des vicissitudes terribles à cause de l’excentricité de leurs orbites : tantôt, comme dans celle de 1680, il y fait mille fois plus chaud qu’au milieu d’un brasier ardent ; tantôt il y fait mille fois plus froid que dans la glace, et elles ne peuvent guère être habitées que par d’étranges créatures, ou, pour trancher court, elles sont inhabitées.

Les planètes, au contraire, sont des lieux de repos où la distance au soleil ne variant pas beaucoup, la température reste à peu près la même, et permet aux espèces de plantes et d’animaux de croître, de durer et de multiplier.

Au commencement, Dieu créa donc l’univers ; mais, selon notre auteur, la terre, confondue avec les autres astres errants, n’étoit alors qu’une comète inhabitable, souffrant alternativement l’excès du froid et du chaud, dans laquelle les matières se liquéfiant, se vitrifiant, se glaçant tour à tour, formoient un chaos, un abîme enveloppé d’épaisses ténèbres : et tenebræ erant super faciem abyssi. Ce chaos étoit l’atmosphère de la comète qu’il faut se représenter comme un corps composé de matières hétérogènes, dont le centre étoit occupé par un noyau sphérique, solide, et chaud, d’environ deux mille lieues de diamètre, autour duquel s’étendoit une très grande circonférence d’un fluide épais, mêlé d’une matière informe, confuse, telle qu’étoit l’ancien chaos : rudis indigestaque moles. Cette vaste atmosphère ne contenoit que fort peu de parties sèches, solides, ou terrestres, encore moins de particules aqueuses ou aériennes, mais une grande