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ART. IV. SYSTÈME DE M. WOODWARD.

néraux, des corps singuliers, des jeux de la nature, etc. À ces observations, quoique en partie faites avant lui, qu’il a rassemblé et prouvées, il en ajoute d’autres qui sont moins exactes ; il assure que toutes les matières des différentes couches sont posées les unes sur les autres dans l’ordre de leur pesanteur spécifique, en sorte que les plus pesantes sont au dessous, et les plus légères au dessus. Ce fait général n’est point vrai : on doit arrêter ici l’auteur, et lui montrer les rochers que nous voyons tous les jours au dessus des glaises, des sables, des charbons de terre, des bitumes, et qui certainement sont plus pesants spécifiquement que toutes ces matières ; car en effet, si par toute la terre on trouvoit d’abord les couches de bitume, ensuite celles de craie, puis celles de marne, ensuite celles de glaise, celles de sable, celles de pierre, celles de marbre, et enfin les métaux, en sorte que la composition de la terre suivît exactement et partout la loi de la pesanteur, et que les matières fussent toutes placées dans l’ordre de leur gravité spécifique, il y auroit apparence qu’elles se seroient toutes précipitées en même temps ; et voilà ce que notre auteur assure avec confiance, malgré l’évidence du contraire : car, sans être observateur, il ne faut qu’avoir des yeux pour être assuré que l’on trouve des matières pesantes très souvent posées sur des matières légères, et que par conséquent ces sédiments ne se sont pas précipités tous en même temps, mais qu’au contraire ils ont été amenés et déposés successivement par les eaux. Comme c’est là le fondement de son système, et qu’il porte manifestement à faux, nous ne le suivrons plus loin que pour faire voir combien un principe erroné peut