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THÉORIE DE LA TERRE.

sont restées en place, et l’arche s’est arrêtée sur celle que les eaux ont laissée la première à découvert. D’ailleurs, comment peut-on s’imaginer que pendant le peu de temps qu’a duré le déluge, les eaux aient pu dissoudre les montagnes et toute la terre ? N’est-ce pas une absurdité de dire qu’en quarante jours l’eau a dissous tous les marbres, tous les rochers, toutes les pierres, tous les minéraux ? N’est-ce pas une contradiction manifeste que d’admettre cette dissolution totale, et en même temps de dire que les coquilles et les productions marines ont été préservées, et que tout ayant été détruit et dissous, elles seules ont été conservées, de sorte qu’on les retrouve aujourd’hui entières, et les mêmes qu’elles étoient avant le déluge ? Je ne craindrai donc pas de dire qu’avec d’excellentes observations, Woodward n’a fait qu’un fort mauvais système. Whiston, qui est venu le dernier, a beaucoup enchéri sur les deux autres ; mais en donnant une vaste carrière à son imagination, au moins n’est-il pas tombé en contradiction : il dit des choses fort peu croyables ; mais du moins elles ne sont ni absolument ni évidemment impossibles. Comme on ignore ce qu’il y a au centre et dans l’intérieur de la terre, il a cru pouvoir supposer que cet intérieur étoit occupé par un noyau solide, environné d’un fluide pesant, et ensuite d’eau sur laquelle la croûte extérieure du globe étoit soutenue, et dans laquelle les différentes parties de cette croûte se sont enfoncées plus ou moins, à proportion de leur pesanteur ou de leur légèreté relative ; ce qui a produit les montagnes et les inégalités de la surface de la terre. Il faut avouer que cet astronome a fait ici une faute de mécanique :