Aller au contenu

Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
250
THÉORIE DE LA TERRE.

cette partie du monde est fort ancienne ; il n’y a guère que l’Égypte, la Barbarie, et les côtes occidentales de l’Afrique jusqu’au Sénégal, qu’on puisse regarder comme de nouvelles terres. L’Asie est aussi une terre ancienne, et peut-être la plus ancienne de toutes, surtout l’Arabie, la Perse, et la Tartarie ; mais les inégalités de cette vaste partie du monde demandent, aussi bien que celles de l’Europe, un détail que nous renvoyons à un autre article. On pourroit dire en général que l’Europe est un pays nouveau ; la tradition sur la migration des peuples et sur l’origine des arts et des sciences paroît l’indiquer : il n’y a pas long-temps qu’elle étoit encore remplie de marais et couverte de forêts, au lieu que dans les pays très anciennement habités il y a peu de bois, peu d’eau, point de marais, beaucoup de landes et de bruyères, une grande quantité de montagnes dont les sommets sont secs et stériles ; car les hommes détruisent les bois, contraignent les eaux, resserrent les fleuves, dessèchent les marais, et avec le temps ils donnent à la terre une face toute différente de celle des pays inhabités ou nouvellement peuplés.

Les anciens ne connoissoient qu’une très petite partie du globe ; l’Amérique entière, les terres arctiques, la terre australe et Magellanique, une grande partie de l’intérieur de l’Afrique, leur étoient entièrement inconnues ; ils ne savoient pas que la zone torride étoit habitée, quoiqu’ils eussent navigué autour de l’Afrique ; car il y a 2200 ans que Néco, roi d’Égypte, donna des vaisseaux à des Phéniciens qui partirent de la mer Rouge, côtoyèrent l’Afrique, doublèrent le cap de Bonne-Espérance, et ayant employé