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ART. VI. GÉOGRAPHIE.

nous ne pouvons douter que la première découverte du passage de cette mer par le cap de Bonne-Espérance n’ait été faite par les Européens, sous la conduite de Vasco de Gama, ou au moins quelques années avant qu’il doublât le cap, s’il est vrai qu’il se soit trouvé des cartes marines plus anciennes que cette navigation, où le cap étoit marqué sous le nom de Fronteira da Afriqua. Antoine Galvan témoigne, sur le rapport de Francisco de Sousa Tavares, qu’en 1528 l’infant don Fernand lui fit voir une semblable carte qui se trouvoit dans le monastère d’Acoboca, et qui étoit faite il y avoit cent vingt ans, peut-être sur celle qu’on dit être à Venise dans les trésors de Saint-Marc, et qu’on croit avoir été copiée sur celle de Marc Paolo, qui marque aussi la pointe de l’Afrique, selon le témoignage de Ramusio, etc. » L’ignorance de ces siècles au sujet de la navigation autour de l’Afrique paroîtra peut-être moins singulière que le silence de l’éditeur de cette ancienne relation au sujet des passages d’Hérodote, de Pline, etc., que nous avons cités, et qui prouvent que les anciens avoient fait le tour de l’Afrique.

Quoi qu’il en soit, les côtes de l’Afrique nous sont actuellement bien connues ; mais quelques tentatives qu’on ait faites pour pénétrer dans l’intérieur du pays, on n’a pu parvenir à le connoître assez pour en donner des relations exactes. Il seroit cependant fort à souhaiter que, par le Sénégal ou par quelque autre fleuve, on pût remonter bien avant dans les terres et s’y établir : on y trouveroit, selon toutes les apparences, un pays aussi riche en mines précieuses que l’est le Pérou ou le Brésil ; car on sait que les fleuves de