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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T01.djvu/388

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THÉORIE DE LA TERRE.

regarde au grand jour un morceau d’argile, on y apercevra une grande quantité de ces paillettes talqueuses, qui n’ont pas encore entièrement perdu leur forme. Le sable peut donc, avec le temps, produire l’argile, et celle-ci, en se divisant, acquiert de même les propriétés d’un véritable limon, matière vitrifiable comme l’argile et qui est du même genre.

Cette théorie est conforme à ce qui se passe tous les jours sous nos yeux. Qu’on lave du sable sortant de sa minière, l’eau se chargera d’une assez grande quantité de terre noire, ductile, grasse, de véritable argile. Dans les villes où les rues sont pavées de grès, les boues sont toujours noires et très grasses, et desséchées elles forment une terre de la même nature que l’argile. Qu’on détrempe et qu’on lave de même de l’argile prise dans un terrain où il n’y a ni grès ni cailloux, il se précipitera toujours au fond de l’eau une assez grande quantité de sable vitrifiable.

Mais ce qui prouve parfaitement que le sable, et même le caillou et le verre, existent dans l’argile et n’y sont que déguisés, c’est que le feu, en réunissant les parties de celle-ci que l’action de l’air et des autres éléments avoit peut-être divisées, lui rend sa première forme. Qu’on mette de l’argile dans un fourneau de réverbère échauffé au degré de la calcination, elle se couvrira au dehors d’un émail très dur : si à l’intérieur elle n’est pas encore vitrifiée, elle aura cependant acquis une très grande dureté, elle résistera à la lime et au burin, elle étincellera sous le marteau, elle aura enfin toutes les propriétés du caillou, un degré de chaleur de plus la fera couler et la convertira en un véritable verre.