qu’on lit ses discours, c’est Pline écrivant ses éloquents préambules. Aristote a parlé des animaux avec l’élégante simplicité que les Grecs ont portée dans toutes les productions de l’esprit. Sa vue ne se borna point à la surface, elle pénétra dans l’intérieur, où il examina les organes. Aussi ce ne sont point les individus, mais les propriétés générales des êtres qu’il considère. Ses nombreuses observations ne se montrent point comme des détails ; elles lui servent toujours de preuve ou d’exemple. Ses caractères sont évidents, ses divisions sont naturelles, son style est serré, son discours est plein ; avant lui, nulle règle n’étoit tracée ; après lui, nulle méthode n’a surpassé la sienne ; on a fait plus, mais on n’a pas fait mieux ; et le précepteur d’Alexandre sera long-temps encore celui de la postérité. Pline suivit un autre plan, et mérita d’autres louanges ; comme tous les orateurs et les poëtes latins, il rechercha les ornements et la pompe dans le discours. Ses écrits contiennent, non l’examen, mais le récit de ce que l’on savoit de son temps. Il traite de toutes les substances, il révèle tous les secrets des arts ; tout y est indiqué, sans que rien y soit approfondi : aussi l’on en tire souvent des citations, et jamais des principes. Les erreurs que l’on y trouve ne sont point à lui ; il ne les adopte point, il les raconte ; mais les véritables beautés, qui sont celles du style, lui appartiennent. Ce sont au reste moins les mœurs des animaux que celles des Romains qu’il expose. Vertueux ami de Titus, mais effrayé par les règnes de Tibère et de Néron, une teinte de mélancolie se mêle à ses tableaux ; chacun de ses livres reproche à la nature le malheur de l’homme, et partout il respire, comme
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LXIX
PAR VICQ D’AZYR.