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DISCOURS ACADÉMIQUES.

d’âme et de douceur naturelle dans ses regards ! il les tourne vers vous, messieurs, et vous brûlez d’un nouveau feu ; une ardeur plus vive vous embrase ; j’entends déjà vos divins accents et les accords de vos voix ; vous les réunissez pour célébrer ses vertus, pour chanter ses victoires, pour applaudir à notre bonheur ; vous les réunissez pour faire éclater votre zèle, exprimer votre amour, et transmettre à la postérité des sentiments dignes de ce grand prince et de ses descendants. Quels concerts ! ils pénètrent mon cœur ; ils seront immortels comme le nom de Louis.

Dans le lointain, quelle autre scène de grands objets ! le génie de la France qui parle à Richelieu, et lui dicte à la fois l’art d’éclairer les hommes et de faire régner les rois ; la Justice et la Science qui conduisent Séguier, et l’élèvent de concert à la première place de leurs tribunaux ; la Victoire qui s’avance à grands pas, et précède le char triomphal de nos rois, où Louis-le-Grand, assis sur des trophées, d’une main donne la paix aux nations vaincues, et de l’autre rassemble dans ce palais les muses dispersées. Et près de moi, messieurs, quel autre objet intéressant ! la Religion en pleurs, qui vient emprunter l’organe de l’éloquence pour exprimer sa douleur, et semble m’accuser de suspendre trop long-temps vos regrets sur une perte que nous devons tous ressentir avec elle[1].

  1. Celle de M. Languet de Gergy, archevêque de Sens, auquel j’ai succédé à l’Académie Françoise.