Toutes ces glaces, comme je l’ai dit dans l’article VI, viennent des fleuves qui les transportent dans la mer ; celles de la mer de la Nouvelle-Zemble et du détroit de Waigats viennent de l’Oby, et peut-être du Jénisca et des autres grands fleuves de la Sibérie et de la Tartarie ; celles du détroit d’Hudson viennent de la baie de l’Ascension, où tombent plusieurs fleuves du nord de l’Amérique ; celles de la Terre-de-Feu viennent du continent austral ; et s’il y en a moins sur les côtes de la Laponie septentrionale que sur celles de la Sibérie et au détroit de Waigats, quoique la Laponie septentrionale soit plus près du pôle, c’est que toutes les rivières de la Laponie tombent dans le golfe de Bothnie, et qu’aucune ne va dans la mer du Nord. Elles peuvent aussi se former dans les détroits où les marées s’élèvent beaucoup plus haut qu’en pleine mer, et où par conséquent les glaçons qui sont à la surface peuvent s’amonceler et former ces bancs de glaces qui ont quelques brasses de hauteur : mais pour celles qui ont 4 ou 500 pieds de hauteur, il me paroît qu’elles ne peuvent se former ailleurs que contre des côtes élevées, et j’imagine que, dans le temps de la fonte des neiges qui couvrent le dessus de ces côtes, il en découle des eaux qui, tombant sur des glaces, se glacent elles-mêmes de nouveau, et augmentent ainsi le volume des premières jusqu’à cette hauteur de 4 ou 500 pieds ; qu’ensuite dans un été plus chaud, par l’action des vents et par l’agitation de la mer, et peut-être même par leur propre poids, ces glaces collées contre les côtes se détachent et voyagent ensuite dans la mer au gré du vent, et qu’elles peuvent arriver jusque dans les climats tempérés avant que d’être entièrement fondues.