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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/184

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THÉORIE DE LA TERRE.

pays qui l’avoisine de ce côté, est un désert de sable que personne n’avoit reconnu jusqu’à ces derniers temps ; le czar Pierre Ier y ayant envoyé des ingénieurs pour lever la carte de la mer Caspienne, il s’est trouvé que cette mer avoit une figure tout-à-fait différente de celle qu’on lui donnoit dans les cartes géographiques ; on la représentoit ronde, elle est fort longue et assez étroite : on ne connoissoit donc point du tout les côtes orientales de cette mer, non plus que le pays voisin ; on ignoroit jusqu’à l’existence du lac Aral, qui en est éloigné vers l’orient d’environ cent lieues ; ou si on connoissoit quelques unes des côtes de ce lac Aral, on croyoit que c’étoit une partie de la mer Caspienne : en sorte qu’avant les découvertes du czar, il y avoit dans ce climat un terrain de plus de trois cents lieues de longueur sur cent et cent cinquante de largeur, qui n’étoit pas encore connu. Le lac Aral est à peu près de figure oblongue, et peut avoir quatre-vingt-dix ou cent lieues dans sa plus grande longueur, sur cinquante ou soixante de largeur ; il reçoit deux fleuves très considérables, qui sont le Sirderoias et l’Oxus, et les eaux de ce lac n’ont aucune issue, non plus que celles de la mer Caspienne : et de même que la mer Caspienne ne reçoit aucun fleuve du côté de l’orient, le lac Aral n’en reçoit aucun du côté de l’occident ; ce qui doit faire présumer qu’autrefois ces deux lacs n’en formoient qu’un seul, et que les fleuves ayant diminué peu à peu et ayant amené une très grande quantité de sable et de limon, tout le pays qui les sépare aura été formé de ces sables. Il y a quelques petites îles dans la mer Caspienne, et ses eaux sont beaucoup moins salées