l’expérience qu’il en a, m’en débita une, savoir, que les eaux sont si basses à vingt et trente milles dans la mer, qu’il est impossible d’y jeter des filets qui aillent au fond, et d’y faire aucune pêche qui soit de la conséquence de celles de nos tartanes ; de sorte que c’est par cette raison qu’ils donnent à leurs vaisseaux la forme que je vous ai marquée ci-dessus, et qu’ils ne les montent d’aucune pièce de canon, parce qu’il se trouve fort peu de corsaires et de pirates qui courent cette mer. »
Struys, le P. Avril, et d’autres voyageurs ont prétendu qu’il y avoit dans le voisinage de Kilan deux gouffres où les eaux de la mer Caspienne étoient englouties, pour se rendre ensuite par des canaux souterrains dans le golfe Persique. De Fer et d’autres géographes ont même marqué ces gouffres sur leurs cartes : cependant ces gouffres n’existent pas, les gens envoyés par le czar s’en sont assurés. Le fait des feuilles de saule qu’on voit en quantité sur le golfe Persique, et qu’on prétendoit venir de la mer Caspienne, parce qu’il n’y a pas de saules sur le golfe Persique, étant avancé par les mêmes auteurs, est apparemment aussi peu vrai que celui des prétendus gouffres ; et Gemelli Carreri, aussi bien que les Moscovites, assure que ces gouffres sont absolument imaginaires. En effet, si l’on compare l’étendue de la mer Caspienne avec celle de la mer Noire, on trouvera que la première est de près d’un tiers plus petite que la seconde ; que la mer Noire reçoit beaucoup plus d’eau que la mer Caspienne ; que par conséquent l’évaporation suffit dans l’une et dans l’autre pour enlever toute l’eau qui arrive dans ces deux lacs, et qu’il