Tous les lacs dont les fleuves tirent leur origine, tous ceux qui se trouvent dans le cours des fleuves ou qui en sont voisins et qui y versent leurs eaux, ne sont point salés : presque tous ceux, au contraire, qui reçoivent des fleuves, sans qu’il en sorte d’autres fleuves, sont salés ; ce qui semble favoriser l’opinion que nous avons exposée au sujet de la salure de la mer, qui pourroit bien avoir pour cause les sels que les fleuves détachent des terres, et qu’ils transportent continuellement à la mer : car l’évaporation ne peut pas enlever les sels fixes, et par conséquent ceux que les fleuves portent dans la mer y restent ; et quoique l’eau des fleuves paroisse douce, on sait que cette eau douce ne laisse pas de contenir une petite quantité de sel, et, par la succession des temps, la mer a dû acquérir un degré de salure considérable, qui doit toujours aller en augmentant. C’est ainsi, à ce que j’imagine, que la mer Noire, la mer Caspienne, le lac Aral, la mer Morte, etc., sont devenus salés ; les fleuves qui se jettent dans ces lacs y ont amené successivement tous les sels qu’ils ont détachés des terres, et l’évaporation n’a pu les enlever. À l’égard des lacs qui sont comme des mares, qui ne reçoivent aucun fleuve, et desquels il n’en sort aucun, ils sont ou doux ou salés, suivant leur différente origine ; ceux qui sont voisins de la mer sont ordinairement salés, et ceux qui en sont éloignés sont doux, et cela parce que les uns ont été formés par des inondations de la mer, et que les autres ne sont que des fontaines d’eau douce, qui, n’ayant pas d’écoulement, forment une grande étendue d’eau. On voit aux Indes plusieurs étangs et réservoirs faits par l’industrie des habitants, qui ont jus-