Dans les voyages de MM. de l’académie de Pétersbourg, il est fait mention du lac salé de Jamuscha en Sibérie ; ce lac, qui est à peu près rond, n’a qu’environ neuf lieues de circonférence. Ses bords sont couverts de sel, et le fond est revêtu de cristaux de sel. L’eau est salée au suprême degré ; et quand le soleil y donne, le lac paroît rouge comme une belle aurore. Le sel est blanc comme neige, et se forme en cristaux cubiques. Il y en a une quantité si prodigieuse, qu’en peu de temps on pourroit en charger un grand nombre de vaisseaux ; et dans les endroits où l’on en prend, on en retrouve d’autre cinq à six jours après. Il suffit de dire que les provinces de Tobolsk et Jéniséik en sont approvisionnées, et que ce lac suffiroit pour fournir cinquante provinces semblables. La couronne s’en est réservé le commerce, de même que celui de toutes les autres salines. Ce sel est d’une bonté parfaite ; il surpasse tous les autres en blancheur, et on n’en trouve nulle part d’aussi propre pour saler la viande. Dans le midi de l’Asie, on trouve aussi des lacs salés ; un près de l’Euphrate, un autre près de Barra. Il y en a encore, à ce qu’on dit, près d’Haleb et dans l’île de Chypre à Larnaca ; ce dernier est voisin de la mer. La vallée de sel de Barra, n’étant pas loin de l’Euphrate, pourroit être labourée, si l’on en faisoit couler les eaux dans ce fleuve, et que le terrain fût bon ; mais à présent cette terre rend un bon sel pour la cuisine, et même en si grande quantité, que les vaisseaux de Bengale le chargent en retour pour lest. (Add. Buff.)