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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/252

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THÉORIE DE LA TERRE.

vent, et par la répulsion du vent direct qui règne seul dès que l’obstacle est dissipé.

Les vents sont plus violents dans les lieux élevés que dans les plaines ; et plus on monte dans les hautes montagnes, plus la force du vent augmente jusqu’à ce qu’on soit arrivé à la hauteur ordinaire des nuages, c’est-à-dire à environ un quart ou un tiers de lieue de hauteur perpendiculaire : au delà de cette hauteur le ciel est ordinairement serein, au moins pendant l’été, et le vent diminue ; on prétend même qu’il est tout-à-fait insensible au sommet des plus hautes montagnes : cependant la plupart de ces sommets, et même les plus élevés, étant couverts de glace et de neige, il est naturel de penser que cette région de l’air est agitée par les vents dans le temps de la chute de ces neiges ; ainsi ce ne peut être que pendant l’été que les vents ne s’y font pas sentir. Ne pourroit-on pas dire qu’en été les vapeurs légères qui s’élèvent au sommet de ces montagnes, retombent en rosée, au lieu qu’en hiver elles se condensent, se gèlent, et retombent en neige ou en glace, ce qui peut produire en hiver des vents au dessus de ces montagnes, quoiqu’il n’y en ait point en été ?

Un courant d’air augmente de vitesse comme un courant d’eau, lorsque l’espace de son passage se rétrécit : le même vent qui ne se fait sentir que médiocrement dans une plaine large et découverte, devient violent en passant par une gorge de montagne, ou seulement entre deux bâtiments élevés, et le point de la plus violente action du vent est au dessus de ces mêmes bâtiments, ou de la gorge de la montagne ; l’air étant comprimé par la résistance de ces obstacles, a