Il n’est pas nécessaire de supposer dans le fond de la mer des trous et des abîmes qui engloutissent continuellement les eaux, pour rendre raison de ces gouffres ; on sait que quand l’eau a deux directions contraires, la composition de ces mouvements produit un tournoiement circulaire, et semble former un vide dans le centre de ce mouvement, comme on peut l’observer dans plusieurs endroits auprès des piles qui soutiennent les arches des ponts, surtout dans les rivières rapides : il en est de même des gouffres de la mer, ils sont produits par le mouvement de deux ou plusieurs courants contraires ; et comme le flux ou le reflux sont la principale cause des courants, en sorte que pendant le flux ils sont dirigés d’un côté, et que pendant le reflux ils vont en sens contraire, il n’est pas étonnant que les gouffres qui résultent de ces courants attirent et engloutissent pendant quelques heures tout ce qui les environne, et qu’ils rejettent ensuite pendant tout autant de temps tout ce qu’ils ont absorbé.
Les gouffres ne sont donc que des tournoiements d’eau qui sont produits par des courants opposés, et les ouragans ne sont que des tourbillons ou tournoiements d’air produits par des vents contraires : ces ouragans sont communs dans la mer de la Chine et du Japon, dans celle des îles Antilles, et en plusieurs autres endroits de la mer, surtout auprès des terres avancées et des côtes élevées ; mais ils sont encore plus fréquents sur la terre, et les effets en sont quelquefois prodigieux. « J’ai vu, dit Bellarmin, je ne le croirois pas si je ne l’eusse pas vu, une fosse énorme creusée par le vent, et toute la terre de cette fosse emportée sur un village, en sorte que l’endroit d’où la