dents que plusieurs des vaisseaux dont on n’a jamais eu de nouvelles, ont été perdus, puisqu’il n’y a que trop d’exemples de ceux que l’on a su de certitude avoir péri de cette manière. »
Je soupçonne qu’il y a plusieurs illusions d’optique dans les phénomènes que ce voyageur nous raconte ; mais j’ai été bien aise de rapporter les faits tels qu’il a cru les voir, afin qu’on puisse ou les vérifier, ou du moins les comparer avec ceux que rapportent les autres voyageurs. Voici la description qu’en donne Le Gentil dans son Voyage autour du monde : « À onze heures du matin, l’air étant chargé de nuages, nous vîmes autour de notre vaisseau, à un quart de lieue environ de distance, six trombes de mer qui se formèrent avec un bruit sourd, semblable à celui que fait l’eau en coulant dans des canaux souterrains ; ce bruit s’accrut peu à peu, et ressembloit au sifflement que font les cordages d’un vaisseau lorsqu’un vent impétueux s’y mêle. Nous remarquâmes d’abord l’eau qui bouillonnoit et qui s’élevoit au dessus de la surface de la mer d’environ un pied et demi ; il paroissoit au dessus de ce bouillonnement un brouillard, ou plutôt une fumée épaisse, d’une couleur pâle, et cette fumée formoit une espèce de canal qui montoit à la nue.
» Les canaux ou manches de ces trombes se plioient selon que le vent emportoit les nues auxquelles ils étoient attachés ; et malgré l’impulsion du vent, non seulement ils ne se détachoient pas, mais encore il sembloit qu’ils s’allongeassent pour les suivre, en s’étrécissant et se grossissant à mesure que le nuage s’élevoit ou se baissoit.
» Ces phénomènes nous causèrent beaucoup de