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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

donc d’avoir dit qu’on trouve des coquilles pétrifiées dans presque tous les endroits de la terre où l’on a

    pour moi-même et pour la postérité, à laquelle je ne voudrois pas laisser douter de la haute estime que j’ai toujours eue pour un homme aussi rare, et qui fait tant d’honneur à son siècle.

    L’autorité de M. de Voltaire ayant fait impression sur quelques personnes, il s’en est trouvé qui ont voulu vérifier par eux-mêmes si les objections contre les coquilles avoient quelque fondement, et je crois devoir donner ici l’extrait d’un mémoire qui m’a été envoyé, et qui me paroît n’avoir été fait que dans cette vue.

    « En parcourant différentes provinces du royaume et même d’Italie, j’ai vu, dit le P. Chabenat, des pierres figurées de toutes parts, et dans certains endroits en si grande quantité et arrangées de façon qu’on ne peut s’empêcher de croire que ces parties de la terre n’aient été autrefois le lit de la mer. J’ai vu des coquillages de toute espèce, et qui sont parfaitement semblables à leurs analogues vivants. J’en ai vu de la même figure et de la même grandeur : cette observation m’a paru suffisante pour me persuader que tous ces individus éloient de différents âges, mais qu’ils étoient de la même espèce. J’ai vu des cornes d’ammon depuis un demi-pouce jusqu’à près de trois pieds de diamètre. J’ai vu des pétoncles de toutes grandeurs, d’autres bivalves et des univalves également. J’ai vu outre cela des bélemnites, des champignons de mer, etc.

    » La forme et la quantité de toutes ces pierres figurées nous prouvent presque invinciblement qu’elles étoient autrefois des animaux qui vivoient dans la mer. La coquille surtout dont elles sont couvertes, semble ne laisser aucun doute, parce que, dans certaines, elle se trouve aussi luisante, aussi fraîche, et aussi naturelle que dans les vivants : si elle étoit séparée du noyau, on ne croiroit pas qu’elle fût pétrifiée. Il n’en est pas de même de plusieurs autres pierres figurées que l’on trouve dans cette vaste et belle plaine qui s’étend depuis Montauban jusqu’à Toulouse, depuis Toulouse jusqu’à Alby et dans les endroits circonvoisins : toute cette vaste plaine est couverte de terre végétale depuis l’épaisseur d’un demi-pied jusqu’à deux ; ensuite on trouve un lit de gros gravier et de la profondeur d’environ deux pieds ; au dessous du lit de gros gravier est un lit de sable fin, à peu près de la même profondeur ; et au dessous du sable fin, on trouve le roc. J’ai examiné attentivement le gros gravier ; je l’examine tous les jours, j’y trouve une infinité de pierres figurées de la même forme et