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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/313

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ART. XVI. VOLCANS ET TREMBLEMENTS DE TERRE.

dans l’île de Saint-Michel, que proche de là la mer s’ouvrit et fit sortir de son sein, en un lieu où il y avoit plus de cent cinquante toises d’eau, une île qui avoit plus d’une lieue et demie de long et plus de soixante toises de haut[1]. Il s’en étoit fait un autre en 1591, qui commença le 26 de juillet, et dura, dans l’île de Saint-Michel, jusqu’au 21 du mois suivant ; Tercère et Fayal furent agitées le lendemain avec tant de violence, qu’elles paroissoient tourner : mais ces affreuses secousses n’y recommencèrent que quatre fois, au lieu qu’à Saint-Michel elles ne cessèrent point un moment pendant plus de quinze jours ; les insulaires, ayant abandonné leurs maisons qui tomboient d’elles-mêmes à leurs yeux, passèrent tout ce temps exposés aux injures de l’air. Une ville entière, nommée Villa-Franca, fut renversée jusqu’aux fondements, et la plupart de ses habitants écrasés sous les ruines. Dans plusieurs endroits les plaines s’élevèrent en collines, et dans d’autres quelques montagnes s’aplanirent ou changèrent de situation ; il sortit de la terre une source d’eau vive qui coula pendant quatre jours, et qui parut ensuite sécher tout d’un coup ; l’air et la mer, encore plus agités, retentissoient d’un bruit qu’on auroit pris pour le mugissement de quantité de bêtes féroces ; plusieurs personnes mouroient d’effroi ; il n’y eut point de vaisseaux dans les ports mêmes qui ne souffrissent des atteintes dangereuses, et ceux qui étoient à l’ancre ou à la voile à vingt lieues aux environs des îles, furent encore plus maltraités. Les tremblements de terre sont fréquents aux Açores ; vingt ans auparavant il en étoit arrivé un dans l’île de Saint-Michel,

  1. Voyez les Voyages de Mandelslo.