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ART. VIII. PRODUCTIONS DE LA MER.

petit en comparaison de celui des coquilles pétrifiées de nos côtes : d’ailleurs, ce qui fait le fond de nos marbres et de presque toutes nos pierres à chaux et à bâtir, sont des madrépores, des astroïtes, et toutes ces autres productions formées par les insectes de la mer, et qu’on appeloit autrefois plantes marines. Les coquilles, quelque abondantes qu’elles soient, ne font qu’un petit volume en comparaison de ces productions, qui toutes sont originaires de nos mers, et surtout de la Méditerranée.

La mer Rouge est de toutes les mers celle qui produit le plus abondamment des coraux, des madrépores, et des plantes marines. Il n’y a peut-être point d’endroit qui en fournisse une plus grande variété que le port de Tor : dans un temps calme il se présente aux yeux une si grande quantité de ces plantes, que le fond de la mer ressemble à une forêt ; il y a des madrépores branchus qui ont jusqu’à 8 et 10 pieds de hauteur. On en trouve beaucoup dans la mer Méditerranée, à Marseille, près des côtes d’Italie et de Sicile ; il y en a aussi en quantité dans la plupart des golfes de l’Océan, autour des îles, sur les bancs, dans tous les climats tempérés où la mer n’a qu’une profondeur médiocre.

M. Peyssonel avoit observé et reconnu le premier que les coraux, les madrépores, etc., devoient leur origine à des animaux, et n’étoient point des plantes, comme on le croyoit, et comme leur forme et leur accroissement paroissent l’indiquer. On a voulu longtemps douter de la vérité de l’observation de M. Peyssonel : quelques naturalistes, trop prévenus de leurs propres opinions, l’ont même rejetée d’abord avec