ne laisse aucun doute sur l’origine de ces éminences qu’on trouve fréquemment dans les vallées et les plaines que les laves ont parcourues et couvertes.
Mais, lorsqu’après avoir coulé de la montagne et traversé les campagnes, la lave toujours ardente arrive aux rivages de la mer, son cours se trouve tout à coup arrêté : le torrent de feu se jette comme un ennemi puissant, et fait d’abord reculer les flots ; mais l’eau, par son immensité, par sa froide résistance et par la puissance de saisir et d’éteindre le feu, consolide en peu d’instants la matière du torrent, qui dès lors ne peut aller plus loin, mais s’élève, se charge de nouvelles couches, et forme un mur à-plomb, de la hauteur duquel le torrent de lave tombe alors perpendiculairement et s’applique contre le mur à-plomb qu’il vient de former : c’est par cette chute et par le saisissement de la matière ardente que se forment les prismes de basalte[1], et leurs colonnes articulées. Ces prismes sont ordinairement à cinq, six, ou sept faces, et quelquefois à quatre ou à trois, comme aussi à huit ou neuf faces : leurs colonnes sont formées par la chute perpendiculaire de la lave dans les flots de la mer, soit qu’elle tombe du haut des rochers de la côte, soit qu’elle forme elle-même le mur à-plomb qui produit sa chute perpendiculaire : dans tous les cas, le froid et l’humidité de l’eau qui saisissent cette matière toute pénétrée de feu, en consolidant les sur-
- ↑ Je n’examinerai point ici l’origine de ce nom basalte, que M. Desmarest, savant naturaliste de l’Académie des Sciences, croit avoir été donné par les anciens à deux pierres de nature différente ; et je ne parle ici que du basalte lave, qui est en forme de colonnes prismatiques.