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Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/411

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Mais dans le temps qu’on se croit en pays praticable, le pas le plus affreux vous arrête tout court, et on s’y casseroit la tête, si on n’étoit averti ou arrêté par ses guides : pour le franchir, il faut se couler sur le dos le long d’un gros rocher, et descendre une échelle qu’il faut y porter exprès ; quand on est arrivé au bas de l’échelle, on se roule quelque temps encore sur des rochers, et enfin on arrive dans la grotte. On compte trois cents brasses de profondeur depuis la surface de la terre : la grotte paroît avoir quarante brasses de hauteur sur cinquante de large ; elle est remplie de belles et grandes stalactites de différentes formes, tant au dessus de la voûte que sur le terrain d’en bas[1].

Dans la partie de la Grèce appelée Livadie (Achaia des anciens) il y a une grande caverne dans une montagne, qui étoit autrefois fort fameuse par les oracles de Trophonius, entre le lac de Livadia et la mer voisine, qui, dans l’endroit le plus près, en est à quatre milles : il y a quarante passages souterrains à travers le rocher, sous une haute montagne, par où les eaux du lac s’écoulent[2].

Dans tous les volcans, dans tous les pays qui produisent du soufre, dans toutes les contrées qui sont sujettes aux tremblements de terre, il y a des cavernes : le terrain de la plupart des îles de l’Archipel est caverneux presque partout ; celui des îles de l’Océan Indien, principalement celui des îles Moluques, ne paroît être soutenu que sur des voûtes et des concavités ; celui des îles Açores, celui des îles Canaries,

  1. Voyez le Voyage du Levant, pages 188 et suivantes.
  2. Voyez Géographie de Gordon, édition de Londres, 1733, p. 179.