s’entendre de tous les autres pays ; il paroît qu’il n’y a que les sommets des plus hautes montagnes auxquels les eaux de la mer n’aient jamais atteint, parce qu’ils ne présentent aucuns débris des productions marines, et ne donnent pas des indices aussi évidents du séjour des mers : néanmoins comme quelques unes des matières dont ils sont composés, quoique toutes du genre vitrescible, semblent n’avoir pris leur solidité, leur consistance, et leur dureté que par l’intermède et le gluten de l’eau, et qu’elles paroissent s’être formées, comme nous l’avons dit, dans les masses de sable ou de poussière de verre qui étoient autrefois aussi élevées que ces pics de montagnes, et que les eaux des pluies ont, par succession de temps, entraînées à leur pied, on ne doit pas prononcer affirmativement que les eaux de la mer ne se soient jamais trouvées qu’au niveau où l’on trouve des coquilles ; elles ont pu être encore plus élevées, même avant le temps où leur température a permis aux coquilles d’exister. La plus grande hauteur à laquelle s’est trouvée la mer universelle, ne nous est pas connue ; mais c’est en savoir assez que de pouvoir assurer que les eaux étoient élevées de quinze cents ou deux mille toises au dessus de leur niveau actuel, puisque les coquilles se trouvent à quinze cents toises dans les Pyrénées et à deux mille toises dans les Cordilières.
Si tous les pics des montagnes étoient formés de verre solide ou d’autres matières produites immédiatement par le feu, il ne seroit pas nécessaire de recourir à l’autre cause, c’est-à-dire au séjour des eaux, pour concevoir comment elles ont pris leur consistance ; mais la plupart de ces pics ou pointes de mon-