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ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

ble de l’être ; quelquefois on trouve au milieu d’un vallon ou d’une plaine un monticule isolé : et de même qu’il y a des montagnes de différentes espèces, il y a aussi de deux sortes de plaines, les unes en pays bas, les autres en montagnes : les premières sont ordinairement partagées par le cours de quelque grosse rivière ; les autres, quoique d’une étendue considérable, sont sèches, et n’ont tout au plus que quelque petit ruisseau. Ces plaines en montagnes sont souvent fort élevées, et toujours de difficile accès : elles forment des pays au dessus des autres pays, comme en Auvergne, en Savoie, et dans plusieurs autres pays élevés ; le terrain en est ferme et produit beaucoup d’herbes et de plantes odoriférantes, ce qui rend ces dessus de montagnes les meilleurs pâturages du monde.

Le sommet des hautes montagnes est composé de rochers plus ou moins élevés, qui ressemblent, surtout vus de loin, aux ondes de la mer[1]. Ce n’est pas sur cette observation seule que l’on pourroit assurer, comme nous l’avons fait, que les montagnes ont été formées par les ondes de la mer, et je ne la rapporte que parce qu’elle s’accorde avec toutes les autres. Ce qui prouve évidemment que la mer a couvert et formé les montagnes, ce sont les coquilles et les autres productions marines qu’on trouve partout en si grande quantité, qu’il n’est pas possible qu’elles aient été transportées de la mer actuelle dans des continents aussi éloignés et à des profondeurs aussi considérables. Ce qui le prouve, ce sont les couches horizontales et parallèles qu’on trouve partout, et qui ne peuvent avoir été formées que par les eaux ; c’est la composition des

  1. Voyez Lettres philosophiques sur la formation des sels, page 196.