Page:Buffon - Oeuvres completes, 1829, T02.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
ART. IX. INÉGALITÉS DE LA TERRE.

cipices qui sont entre les rochers, ils se forment par l’affaissement des rochers, dont la base cède quelquefois plus d’un côté que de l’autre, par l’action de l’air et de la gelée qui les fait fendre et qui les sépare, et par la chute impétueuse des torrents qui s’ouvrent des routes et entraînent tout ce qui s’oppose à leur violence : mais ces abîmes, c’est-à-dire ces énormes et vastes précipices qu’on trouve au sommet des montagnes, et au fond desquels il n’est quelquefois pas possible de descendre, quoiqu’ils aient une demi-lieue ou une lieue de tour, ont été formés par le feu ; ces abîmes étoient autrefois les foyers des volcans, et toute la matière qui y manque en a été rejetée par ail’action et l’explosion de ces feux, qui depuis se sont éteints faute de matière combustible. L’abîme du mont Ararath, dont M. de Tournefort donne la description dans son Voyage du Levant, est environné de rochers noirs et brûlés, comme seront quelque jour les abîmes de l’Etna, du Vésuve, et de tous les autres volcans, lorsqu’ils auront consumé toutes les matières combustibles qu’ils renferment.

Dans l’Histoire naturelle de la province de Stafford en Angleterre, par Plot, il est parlé d’une espèce de gouffre qu’on a sondé jusqu’à la profondeur de 2600 pieds perpendiculaires, sans qu’on y ait trouvé d’eau : on n’a pu même en trouver le fond, parce que la corde n’étoit pas assez longue[1].

Les grandes cavités et les mines profondes sont ordinairement dans les montagnes, et elles ne descendent jamais, à beaucoup près, au niveau des plaines :

  1. Voyez le Journal des Savants, année 1680, page 12.