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THÉORIE DE LA TERRE.

de certaines matières rejetées par les volcans, dont j’ai vu une très grande quantité étant en Italie, où l’on me dit que les gens du pays les appeloient schiarri. Ce sont des masses noirâtres fort pesantes, sur lesquelles le feu, l’eau, ni la lime, ne peuvent faire aucune impression, dont la matière est différente de celle de la lave ; car celle-ci est une espèce de verre, au lieu que l’autre paroît plus métallique que vitrée. Les clous du grès et du roc vif ressemblent beaucoup à cette première matière ; ce qui semble prouver encore que toutes ces matières ont été autrefois liquéfiées par le feu.

    taines laves de volcans, et beaucoup moins que la fonte de fer, qui n’est cependant que du verre mêlé de parties ferrugineuses. Cette grande dureté de la roche du globe indique assez que ce sont les parties les plus fixes de toute la matière qui se sont réunies, et que, dès le temps de leur consolidation, elles ont pris la consistance et la dureté qu’elles ont encore aujourd’hui. L’on ne peut donc pas argumenter contre mon hypothèse de la vitrification générale, en disant que les matières réduites en verre par le feu de nos fourneaux sont moins dures que la roche du globe, puisque la fonte de fer, quelques laves ou basaltes, et même certaines porcelaines, sont plus dures que cette roche, et néanmoins ne doivent comme elle, leur dureté qu’à l’action du feu. D’ailleurs les éléments du fer et des autres minéraux qui donnent de la dureté aux matières liquéfiées par le feu ou atténuées par l’eau, existoient ainsi que les terres fixes dès le temps de la consolidation du globe ; et j’ai déjà dit qu’on ne devoit pas regarder la roche de son intérieur comme du verre pur, semblable à celui que nous faisons avec du sable et du salin, mais comme un produit vitreux mêlé des matières les plus fixes et les plus capables de soutenir la grande et longue action du feu primitif, dont nous ne pouvons comparer les grands effets que de loin, avec le petit effet de nos feux de fourneaux ; et néanmoins cette comparaison, quoique désavantageuse, nous laisse apercevoir clairement ce qu’il peut y avoir de commun dans les effets du feu primitif et dans les produits de nos feux, et nous démontre en même temps que le degré de dureté dépend moins de celui du feu que de la combinaison des matières soumises à son action. (Add. Buff.)