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THÉORIE DE LA TERRE.

pointues qu’on voit en tant d’endroits ; c’est aussi là l’origine de ces roches élevées et isolées qu’on trouve à la Chine et dans d’autres endroits, comme en Irlande, où on leur a donné le nom de devil’s stones, ou pierres du diable, et dont la formation, aussi bien que celle des pics des montagnes, avoit toujours paru une chose difficile à expliquer : cependant l’explication que j’en donne est si naturelle, qu’elle s’est présentée d’abord à l’esprit de ceux qui ont vu ces roches, et je dois citer ici ce qu’en dit le P. Du Tertre dans les Lettres édifiantes : « De Yan-chuin-yen nous vînmes à Ho-tcheou : nous rencontrâmes en chemin une chose assez particulière ; ce sont des roches d’une hauteur extraordinaire et de la figure d’une grosse tour carrée, qu’on voit plantées au milieu des plus vastes plaines. On ne sait comment elles se trouvent là, si ce n’est que ce furent autrefois des montagnes, et que les eaux du ciel ayant peu à peu fait ébouler la terre qui environnoit ces masses de pierre, les aient ainsi à la longue escarpées de toutes parts : ce qui fortifie la conjecture, c’est que nous en vîmes quelques unes qui vers le bas sont encore environnées de terre jusqu’à une certaine hauteur[1]. »

Le sommet des plus hautes montagnes est donc ordinairement composé de rochers et de plusieurs espèces de granite, de roc vif, de grès, et d’autres matières dures et vitrifiables, et cela souvent jusqu’à deux ou trois cents toises en descendant ; ensuite on y trouve souvent des carrières de marbre ou de pierre dure qui sont remplies de coquilles, et dont la matière est calcinable, comme on peut le remarquer à la

  1. Voyez Lettres édif., rec. II, tome II, page 135, etc.