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ART. XVIII. EFFET DES PLUIES.

l’on trouve ordinairement çà et là dans les vallées voisines des montagnes. On doit se souvenir, à l’occasion de cette observation, de ce que nous avons dit dans l’article précédent, savoir que ces rochers et ces grosses pierres dispersées sont bien plus communes dans les pays dont les montagnes sont de sable et de grès, que dans ceux où elles sont de marbre et de glaise, parce que le sable qui sert de base au rocher est un fondement moins solide que la glaise.

Pour donner une idée de la quantité de terres que les pluies détachent des montagnes, et qu’elles entraînent dans les vallées, nous pouvons citer un fait rapporté par le docteur Plot : il dit, dans son Histoire naturelle de Stafford, qu’on a trouvé dans la terre, à dix-huit pieds de profondeur, un grand nombre de pièces de monnoie frappées du temps d’Édouard IV, c’est-à-dire deux cents ans auparavant, en sorte que ce terrain, qui est marécageux, s’est augmenté d’environ un pied en onze ans, ou d’un pouce et un douzième par an. On peut encore faire une observation semblable sur des arbres enterrés à dix-sept pieds de profondeur, au dessous desquels on a trouvé des médailles de Jules César. Ainsi les terres amenées du dessus des montagnes dans les plaines par les eaux courantes, ne laissent pas d’augmenter très considérablement l’élévation du terrain des plaines.

Ces graviers, ces sables, et ces terres que les eaux détachent des montagnes, et qu’elles entraînent dans les plaines, y forment des couches qu’il ne faut pas confondre avec les couches anciennes et originaires de la terre. On doit mettre dans la classe de ces nouvelles couches celles de tuf, de pierre molle, de gra-