magne devoit occuper cette large vallée où coule actuellement la rivière de Sture, à plus de vingt milles de distance, à commencer par Sandwich, Cantorbery, Chatam, Chilham, jusqu’à Ashford, et peut-être plus loin ; le terrain est actuellement beaucoup plus élevé qu’il ne l’étoit autrefois, puisqu’à Chatam on a trouvé les os d’un hippopotame enterrés à dix-sept pieds de profondeur, des ancres de vaisseaux et des coquilles marines.
Or, il est très vraisemblable que la mer peut former de nouveaux terrains en y apportant les sables, la terre, la vase, etc. ; car nous voyons sous nos yeux que, dans l’île d’Orkney, qui est adjacente à la côte marécageuse de Romne, il y avoit un terrain bas toujours en danger d’être inondé par la rivière Rother : mais, en moins de soixante ans, la mer a élevé ce terrain considérablement en y amenant à chaque flux et reflux une quantité considérable de terre et de vase : et en même temps elle a creusé si fort le canal par où elle entre, qu’en moins de cinquante ans la profondeur de ce canal est devenue assez grande pour recevoir de gros vaisseaux, au lieu qu’auparavant, c’étoit un gué où les hommes pouvoient passer.
La même chose est arrivée auprès de la côte de Norfolk, et c’est de cette façon que s’est formé le banc de sable qui s’étend obliquement depuis la côte de Norfolk vers la côte de Zélande ; ce banc est l’endroit où les marées de la mer d’Allemagne et de la mer de France se rencontrent depuis que l’isthme a été rompu, et c’est là que se déposent les terres et les sables entraînés des côtes : on ne peut pas dire si avec le temps ce banc de sable ne formera pas un nouvel isthme, etc.