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ART. XIX. CHANGEMENTS DE TERRES EN MERS.

Vobregat, vers le cap de Tortosa, le long des côtes de Valence, etc.

La mer peut former des collines et élever des montagnes de plusieurs façons différentes, d’abord par des transports de terre, de vase, de coquilles, d’un lieu à un autre, soit par son mouvement naturel de flux et de reflux, soit par l’agitation des eaux causée par les vents ; en second lieu par des sédiments, des parties impalpables qu’elle aura détachées des côtes et de son fond, et qu’elle pourra transporter et déposer à des distances considérables ; et enfin par des sables, des coquilles, de la vase, et des terres que les vents de mer poussent souvent contre les côtes ; ce qui produit des dunes et des collines que les eaux abandonnent peu à peu, et qui deviennent des parties du continent : nous en avons un exemple dans nos dunes de Flandre et dans celles de Hollande, qui ne sont que des collines composées de sable et de coquilles que des vents de mer ont poussés vers la terre. M. Barrère en cite un autre exemple qui m’a paru mériter de trouver place ici. « L’eau de la mer, par son mouvement, détache de son sein une infinité de plantes, de coquillages, de vase, de sable, que les vagues poussent continuellement vers les bords, et que les vents impétueux de mer aident à pousser encore. Or, tous ces différents corps ajoutés au premier atterrissement y forment plusieurs nouvelles couches ou monceaux qui ne peuvent servir qu’à accroître le lit de la terre, à l’élever, à former des dunes, des collines, par des sables, des terres, des pierres amoncelées ; en un mot, à éloigner davantage le bassin de la mer, et à former un nouveau continent.