Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

remplaçants, et c’est à l’artillerie volontaire, qui prend ses quartiers à la citadelle, que sera désormais dévolue la mission de tirer le coup de canon de midi.

Je ne vous en écris pas plus long pour cette fois. Il faudra que vos lecteurs se rattrapent de la quantité par la qualité. C’est ma prétention, du reste, de me croire presque aussi écrivain de premier ordre que le rédacteur québecquois dont dit est plus haut. Peut-être y a-t-il là de la jalousie, mais enfin cette jalousie est bénigne et ne m’inspire que le rire, le rire des hommes, bien entendu.



20 Octobre.


Quoi ! déjà l’automne, déjà les froides brises qui donnent l’onglée, déjà les poëles que l’on monte, déjà les pétillements de l’âtre et les pardessus précurseurs des épaisses fourrures.

Image de la jeunesse, hélas ! Que les jours chauds, que les jours dorés passent vite ! Image de la vie canadienne surtout, où il faut avoir chaud trois fois plus en un mois que dans tout autre pays, si l’on veut passer l’hiver sans que la dernière goutte de son sang soit figée.

Il avait fait si beau toute la semaine dernière, le soleil avait été si prodigue, il s’était si bien montré que partout, les plus joyeuses espérances éclataient en un concert de bénédictions poussées vers le ciel. Quel beau mois de septembre ! quel radieux automne on allait avoir ! Les anciens croyaient que leur printemps recommencerait, et les jeunes croyaient que le