Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/110

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trottoirs, on les voyait courir assez volontiers sur les pièces de bois pourries, disjointes, trouées, qui en tenaient lieu ; mais depuis que la municipalité s’est ruinée pour en faire construire quelques centaines de pouces, on ne voit plus les enfants courir qu’au milieu des rues marécageuses, délayées par les dernières pluies jusqu’à deux pieds de profondeur.

Si je prends la peine de vous écrire cela, ce n’est pas que je le trouve intéressant, mais je veux prévenir vos lecteurs que j’ai cherché inutilement toute une semaine pour avoir quelque chose à dire et que je ne l’ai pas. Pourtant je me suis donné bien de la peine, ce qui prouve que le travail n’est pas toujours récompensé ; et comme je suis opposé aux grèves, je me vois obligé d’écrire une colonne de niaiseries pour remplir mon devoir.

Étrange ! étrange ! Moins il y a à dire, plus il se fonde de journaux ; c’est le Courrier de Rimouski, c’est la Nation, c’est enfin l’Écho de la Session qui s’annonce d’avance et qui promet d’être impartial… comme tous les autres. Aucun journal n’avait songé à dire cela auparavant ; voilà enfin du nouveau.

L’Université Laval achève de se perdre. Elle vient de pousser le gallicanisme jusqu’à permettre à ses élèves de donner une fête aux huîtres, à laquelle se sont trouvés beaucoup d’invités du dehors qui ont été s’irriguer le palais, suivant l’expression d’un de nos confrères québecquois. Le verbe réfléchi s’irriguer, tiré du vocabulaire de l’avenir, vient du substantif irrigation