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Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/125

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CHRONIQUES

(Pour la Minerve)

PREMIÈRE CAUSERIE

Depuis Sainte-Beuve, on a fait un tel abus du nom de Causeries, qu’il est devenu à la portée des plus modestes ambitions littéraires. Du reste, le lecteur canadien est très indulgent, beaucoup trop, ce qui le porte à une admiration facile, à ce point qu’on serait presque heureux de lui déplaire.

Je lis quelque part que le printemps est la plus agréable, mais aussi la plus perfide des saisons, et qu’il n’est pas bon de quitter à cette époque l’endroit où l’on a passé l’hiver. C’est là l’avis des médecins peut-être, mais à coup sûr ce n’est pas celui des locataires. Quant aux propriétaires, ils n’ont pas d’opinion arrêtée sur l’hygiène, et ils se contentent d’admettre en principe général que plus un loyer est élevé, plus une maison est saine.

S’il n’est pas bon de quitter au printemps les lieux où l’on a passé l’hiver, d’où vient donc cet usage immémorial et universel des déménagements ? D’où vient cette tentation irrésistible de casser ses meubles, régulièrement une fois par année, et de payer deux fois le prix de son loyer en réparations, en blanchissage à la chaux, en nettoyage, en papier-tenture, etc… ? D’où