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CHRONIQUES

la chose au Sénat ? — Je m’en lave les mains, ou plutôt, je me les frotte, s’écria d’aise le président Grant ; c’est cela ! remettons le tout aux soins du Sénat. »

Et la haute chambre américaine fut saisie de l’article additionnel. Deux jours après, elle l’avait ratifié et renvoyé paraphé au gouvernement anglais. Mais, ô ciel ! ce n’était plus le même. Le Sénat n’avait pas fait attention au for intérieur, et il avait ajouté de petites additions supplémentaires aux additions additionnelles, qui firent de suite hérisser la crinière au lion superbe des îles britanniques.

C’en est là maintenant, et tout est à recommencer. Il n’y a que le tribunal de Genève qui n’ait rien fait. Il est vrai qu’il n’est constitué que depuis un an. M’est avis que la conclusion à tirer de tout ceci, c’est que le français devrait être la langue diplomatique du monde entier. Avec elle, les équivoques ne sont guère possibles et les restrictions mentales percent à jour. Je suis convaincu que si l’on avait fait en français la nouvelle loi des écoles du Nouveau-Brunswick, on aurait compris de suite si elle est inconstitutionnelle ou non, et le Nouveau-Monde nous eût épargné sans doute sa terrible mercuriale, faite à l’instar de son programme, lequel lui a permis de faire élire un candidat aux élections dernières.

Je présume qu’il faudra, pour donner à cette loi toute la clarté qui lui manque, faire un article additionnel que je rédigerais volontiers en ces termes : « L’instruction publique au Nouveau-Brunswick sera libre et obligatoire, tout en étant gratuite, quoique laïque. Les ministres, de quelque religion que ce soit, n’y auront aucun contrôle, si ce n’est les vicaires de