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CHRONIQUES

CAUSERIES
DU MARDI

( Pour le National )

PREMIÈRE CAUSERIE


La causerie est le genre le plus difficile et le plus rare en Canada ; on n’y a pas d’aptitude. Il faut être un oisif, un propre-à-rien, un déclassé, pour y donner ses loisirs. Je suis tout cela. Mes loisirs à moi consistent à chercher tous les moyens d’ennuyer mes semblables, pour leur rendre ce qu’ils me font sans aucun effort. Si je réussis, j’aurai fait en quelques heures ce que Sir George-Étienne Cartier fait depuis vingt-cinq ans sans le vouloir, et surtout sans le croire. Ce grand homme d’État a encore des illusions ; moi je n’en ai plus. Cela nous distingue l’un de l’autre. Quant au reste, nous sommes parfaitement d’accord, excepté sur le chemin de fer du Pacifique, sur l’annexion de la Colombie Anglaise, sur le traité de Washington, sur le double mandat, sur l’indépendance du parlement, sur le salaire du gouverneur-général, sur la perpétuité de la dépendance coloniale, sur la juridiction électorale, sur l’emploi des deniers publics, &e. &e. &e., mais ce sont là des bagatelles qui n’empêchent pas une union parfaite de sentiments menant dans des directions diamétralement opposées.

Quant à l’honorable Hector Langevin, compagnon