Page:Buies - Chroniques, Tome 1, Humeurs et caprices, 1884.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
CHRONIQUES

En voyant que nous donnons trois cents dollars par mois à un agent d’émigration pour ne rien faire, elles ont bien le droit d’en demander vingt par mois pour faire quelque chose. Ce en quoi elles se trompent, c’est en croyant que les particuliers sont comme le gouvernement, et en leur faisant cette mauvaise plaisanterie avec autant d’aplomb que les ministres en mettent à nous assurer de notre prospérité.

Un des toasts portés au banquet du gouverneur général a été celui de la milice et des volontaires :

« Nous sommes heureux de savoir, » dit le président en prenant la parole, « que, dans un cas de danger, toutes les forces de l’Empire seraient à notre service. L’essentiel pour nous, c’est de montrer ce que nous pouvons faire et le nombre de soldats que nous pouvons réunir. »

Comme c’est là une question très grave, qui implique tout un système d’armements combinés entre le fédéral et le provincial, je me permettrai de vous signaler un fait qui m’a singulièrement frappé, et qui met en relief d’une façon éclatante les forces que nous pouvons réunir.

Le lendemain du banquet, Lord Lisgar s’embarquait pour Québec d’où il devait prendre le steamer qui allait à Liverpool. Le bateau de la Compagnie Richelieu était plein de passagers, de ministres, de curieux, de voyageurs ordinaires et de bon nombre d’Américains. Par un hasard que j’oserai appeler providentiel, je me trouvais à bord du Québec, ce noble vapeur