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CHRONIQUES

proprement dite, il faut monter douze arpents roides comme les convictions d’un libéral avancé, puis on aperçoit une quinzaine d’hommes en train de piocher et de miner dans le monticule de fer titanique. L’exploitation est peu avancée à cause du grand nombre de travaux préparatoires qu’il a fallu accomplir avant d’attaquer la mine proprement dite.

Cette mine est d’une grande richesse, elle donne à peu près soixante-dix pour cent de minerai pur ; on suppose qu’elle comprend une superficie d’une douzaine de lieues. Depuis la montagne de fer jusqu’à la Baie Saint-Paul, la Compagnie qui exploite la mine achève de faire construire un tramway, chemin à lisses de bois de trois pieds de largeur, qui devra transporter le minerai jusqu’au fleuve. À l’autre extrémité du tramway, près du fleuve et à l’entrée de la Baie Saint-Paul, se trouve un immense hangar bâti par la Compagnie pour emmagasiner le minerai. On évalue, pour le présent, à environ trois cents le nombre des employés à la mine ; mais ce qu’il faut considérer par-dessus tout, ce sont les avantages indirects et les conséquences d’une pareille exploitation.

En premier lieu, la Compagnie, pour pouvoir utiliser ses travaux et faire les choses en grand, devra peser de toute son influence sur le gouvernement pour obtenir la construction d’un quai où pourront mouiller les navires d’un fort tonnage. Aujourd’hui, il n’y a pas de quai à la Baie Saint-Paul ; les battures s’y étendent sur une longueur de deux milles, et les passagers, qui veulent prendre le Clyde, sont obligés de l’attendre à bord d’une goëlette mouillée au large. Kn outre, la Compagnie devra faire macadamiser tout le chemin