le feu de ces noires prunelles qui promettent tout ce qu’elles ne tiennent pas et vous font désirer d’être heureux sans croire au bonheur.
Décidément, j’ai besoin d’une douche................... Si je descendais le coteau, trois cents pas à faire, au bout desquels la marée haute m’invite en même temps qu’une maison de bain divisée en quinze à vingt compartiments où il n’y a personne ? Bah ! est-ce qu’on vient aux eaux pour se baigner ? Je veux faire comme les autres ; demain matin, à 7 heures, on m’apportera dans ma chambre un bain d’eau salée avec un verre de la même liqueur ; on a tout ce qu’on veut ici, et en cadence encore ! on se baigne au son de la musique, on déjeune, on dîne et l’on soupe au son de la musique.
C’est une maison unique que ce grand hôtel de Cacouna qui contient quatre cents chambres ; nulle part ailleurs le service n’est aussi complet, aussi intelligent, aussi actif. Construit il y a dix ans, il a été agrandi depuis de deux ailes immenses où les pas se perdent. Quand je pense qu’il y a vingt ans Cacouna n’était rien ! Quelques rares voyageurs y venaient dans le Rowland Hill, petit vapeur-sabot qui faisait mine de se mouvoir ; plus tard le Saguenay vint y déposer de temps à autre des curieux qui cherchaient des plages vierges. Enfin, l’on bâtit le quai de la Rivière-du-Loup, et le Magnet inaugura une série de voyages réguliers qui sont devenus aujourd’hui quotidiens, sans cependant suffire encore à la foule énorme qui se donne rendez-vous dans ce resort de la fashion. Vous n’habitez pas ici dans le Canada ; rien ne peut y donner l’idée d’un village de notre pays ; toutes les anciennes maisons d’habitants ont fait place à des villas qui af-