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VOYAGES

ginables, jusqu’aux plants de caféiers et de mûriers pour les vers-à-soie, tout cela flotte et se balance avec orgueil sur les mamelles gonflées du sol ; mais aussi, comme contre-partie, la poussière devient intense et les mouches intolérables. Le ciel est plein d’azur et le soleil joyeux ; déjà quelques souffles affaiblis du Pacifique viennent toucher le front du voyageur qui sent sa vie renaître et l’espoir s’agiter dans son sein.

À une heure de l’après-midi l’on atteint Sacramento, capitale de la Californie, petite ville de dix-huit mille âmes, ravissante, lumineuse sous un ciel de pourpre qui, pendant des mois entiers, ne change point. Nous n’avons plus maintenant que quarante-six lieues à faire pour atteindre San-Francisco, où nous serons le soir même à huit heures.

Sacramento est enveloppé d’arbres, de vergers odorants, et repose sur les bords de la rivière qui porte son nom ; on y arrête une demi-heure pour prendre le dîner, puis on se remet en route pour le Pacifique dont on voit au loin les rivages montagneux bleuir à l’horizon.

Maintenant, nous allons traverser de nombreuses petites villes dont la population varie de deux mille à dix mille âmes ; nous sommes dans l’État le plus riche de l’Union américaine ; nous allons passer par l’Eldorado, dont le sol