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VOYAGES

salles et le passage principal sont peints à fresques ; la salle à dîner resplendit comme un vestibule de l’Éden. L’ampleur et les dimensions sont en proportion du luxe ; le grand escalier du centre est monumental, et il y a des centaines de chambres donnant toutes sur de larges et lumineux corridors. Évidemment le propriétaire du Lick House devait être un demi-dieu couvert d’une armure d’or, peu accessible, si ce n’est peut-être, par curiosité, à des voyageurs venus de très loin, et je calculais que douze cents lieues constituaient peut-être une distance raisonnable. Dès lors, j’eus une idée fixe ; connaître à tout prix ce mortel surhumain, lui faire apprécier mon éloquence, et l’amener par la force des choses, sinon par celle de la parole, à quelque concession qui lui fît honneur.

Mais avant d’aller plus loin, je veux de suite faire connaître San-Francisco à mes lecteurs dans tous les détails que j’ai pu saisir, avec toute l’observation que j’ai pu mettre en cinq jours seulement que j’y suis resté.

San-Francisco est bâti à peu près en amphithéâtre sur des collines sablonneuses de plusieurs centaines de pieds de hauteur. Ses rues sont droites comme celles de toutes les villes américaines, ce qui détruit en grande partie l’effet de la situation et choque l’œil du voyageur qui s’attend au pittoresque dans toute sa liberté. Cette ville de cent-soixante-quinze mille âmes aujourd’hui, n’avait qu’une maison en 1835. Son climat est le plus beau qui soit au monde, remarquable par son uniformité, la température ne