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CONFÉRENCES.

est maintenant le plus fort, le dominateur. Il commande, il plie la législation fédérale à sa volonté aussi impérieuse que ses besoins ; il agrandit à sa taille les portes du congrès pour y passer en maître et dicte les lois qui feront sa force, dûssent-elles faire la faiblesse ou l’infériorité des états de l’Est et du Sud.

Cette prodigieuse croissance, due à des centaines de mille de nouveaux venus, poussés comme un immense raz-de-marée sur les plaines de l’ouest, renverse un équilibre savamment assis et alarme les vieilles populations de la Nouvelle-Angleterre, de la Virginie, des Carolines. L’association, connue sous le nom de Granges et qui compte dans ses rangs cent cinquante mille fermiers, prépare une révolution économique dont il est impossible de prévoir l’étendue et les conséquences.

Qui peut dire la destinée prochaine réservée au Dominion canadien par l’énorme grandissement de l’Ouest qui se trouve uni à nous par les lacs, par le St. Laurent, le Nord-Ouest et la Colombie anglaise, plus étroitement encore qu’avec les autres états de l’Union ? C’est à cause de cette croissance inattendue, et qui a renversé tout équilibre, que les combinaisons politiques et les prévoyances d’il y a quelques années à peine sont maintenant en déroute, et qu’il faut avoir une autre vue pour discerner les choses.



Qui ne se rappelle le cri général d’annexion poussé en 1849 et le manifeste signé à ce sujet par la plupart des hommes,