Page:Buies - Chroniques, Tome 2, Voyages, 1875.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
266
CONFÉRENCES.

mer pour toujours une nation distincte, ils ont le culte de leur nationalité et ne sont pas prêts à la sacrifier pour faire plaisir aux Américains ; enfin, leur devise est Le Canada pour la Canadiens. »

Je répondrai à cette argumentation en me tenant uniquement sur son terrain, qui est celui d’une union douanière, et en laissant de côté la question de la réciprocité pure et simple qui est indépendante du tarif.

Lorsque les petits et grands états de l’Allemagne résolurent d’en finir avec le système tracassier des douanes établies à chacune de leurs frontières et de fonder un zollverein, l’Angleterre crut d’abord que son commerce en éprouverait un grand préjudice, mais le résultat a été tout différent, comme l’ont admis eux-mêmes les publicistes de la Grande-Bretagne, parce que, plus un peuple devient riche, plus s’agrandit le cercle de ses affaires, plus son commerce avec l’Angleterre est considérable. Le rêve des économistes a toujours été l’effacement des barrières qui séparent les peuples : ce n’est pas grâce aux résultats obtenus par le zollverein que les allemands ont fondé leur union politique ; cette union est tout simplement le fruit des aspirations et des idées de toute l’Allemagne, les états qui la composent n’étant en somme que les parties d’une même nation, et les divisions qui existaient parfois entre eux ne provenant que de l’antagonisme et de l’ambition de leurs princes. En ce qui concerne le Canada et les États-Unis réciproquement, leurs aspirations et leurs vues ne