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CONFÉRENCES.

pratique invariable aux États-Unis. Mais nos voisins comprennent parfaitement qu’ils n’ont aucun besoin de cela, que si l’annexion doit avoir lieu, ce sera par la gravitation naturelle, par la marche irrésistible des faits, que la navigation libre du St. Laurent, l’élargissement de nos canaux, l’accès aux eaux canadiennes pour y faire la pêche et le commerce libre sont tout ce qu’il leur faut. En hommes pratiques, ils ne veulent pas précipiter sans profit les événements, ni faire une agitation qui réveillerait de nombreuses susceptibilités et retarderait indéfiniment le résultat au lieu de le hâter. Nous devrions faire comme eux, avoir leur sagesse, savoir discerner, ne pas voir partout des intentions machiavéliques, laisser ces puérilités aux esprits étroits, consulter les intérêts du pays, quelque haut que retentissent les criailleries intéressées, et répondre à ceux dont les préjugés malfaisants résistent à toutes les démonstrations possibles, comme M. Hugh McLennan, délégué de Montréal, répondait dans la chambre de commerce du Dominion, à M. Imlach, délégué de Brantford [Ontario] : « Les appels constants à la loyauté sont comme les cris qu’on pousse pour ranimer le courage ; le Canada est en mesure de conserver son existence indépendante comme nation, si c’est là son vœu ; et si les américains désirent nous annexer, ils ne pourront jamais le faire sans un consentement entier et libre de notre part. »

En attendant, qu’on rétablisse donc la réciprocité qui est l’intérêt actuel des deux pays et que tous deux ils réclament.