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CHRONIQUES

ait perdu son prestige politique, sa prépondérance dans les conseils de l’Europe, aura-t-elle perdu pour cela la prépondérance de l’idée ? Que les nombreux essaims saxons envahissent l’Amérique ; qu’ils se répandent dans l’Australie, dans l’Inde, dans la Malaisie, dans la Polynésie, ils ne s’assimilent pas les populations et ne communiquent aucun de leurs traits particuliers, tandis que le français, par son caractère d’universalité et sa nature sympathique, attire aisément à lui tous les éléments étrangers.

Les peuples civilisés ne disparaissent jamais, quelque petits, quelque faibles qu’ils soient, parceque leur concours est nécessaire aux modes variés du perfectionnement humain. Les plus petits ne sont pas toujours ceux qui ont le moins d’action sur la marche de ce progrès, et la race saxonne aura beau avoir encore pendant longtemps le nombre, elle n’aura jamais l’ascendant réel, l’ascendant intellectuel et moral sur le reste des hommes.

Réjouissez-vous donc, descendants des Normands et des Bretons qui habitez l’Amérique, en face de cette perspective splendide. Pendant un siècle, vous êtes restés intacts ; rien n’a pu vous entamer, parce que vous étiez supérieurs, comme types, à toutes les atteintes ; vous avez multiplié admirablement ; faites-en autant pendant un siècle de plus et vous serez les premiers hommes de l’Amérique. Il est à cela toutefois une condition, une seule, bien simple et très-facile :

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