Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/166

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cette vaillante et vigoureuse jeunesse canadienne qui déserte ses foyers et s’en va consumer sa force dans les fabriques américaines ! Comme on déplore de ne pas la voir venir ici plutôt se déployer en liberté et conquérir en peu d’années, avec peu de labeur, cette aisance heureuse et cette plénitude bénie de toutes les choses nécessaires qui fait les peuples contents de leur sort autant que modestes dans leurs désirs, peuples laborieux, honnêtes, capables de soutenir les plus rudes épreuves aux jours fatals, parce qu’ils ont conservé toute leur vigueur, parce que rien n’a altéré leur sève ni les sources vitales de l’énergie, ni cette abondance de jeunesse qui accompagne jusque dans la maturité les peuples bien formés et bien constitués !

De quelque côté qu’on tourne les regards, sur les profondes et fertiles étendues que baigne le Témiscamingue, dès qu’il commence à écarter au loin ses rives et à s’élargir en liberté, au sortir de l’étroit et tumultueux cours de la rivière des Quinze, on ne voit nulle part de montagnes, ni de brusques saillies du sol, ni de reliefs fortement accentués, mais une longue ondulation de prairies alternant avec des coteaux délicatement esquissés, surmontés au loin par des plateaux qui étendent leur large surface jusqu’aux dernières limites de l’horizon.