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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

qu’ils avaient fini par jeter la confusion dans le département des Terres, et par faire épouser leurs odieuses et criminelles préférences par les ministres eux-mêmes ?

Voilà pourquoi tant de milliers de Canadiens-Français avaient pris la route des États-Unis. Ils ne pouvaient pas trouver un pied de terre pour eux dans le pays qui leur appartenait et dont les sept huitièmes sont encore inhabités. Et pendant ce temps les plus belles parties de la province étaient au pouvoir des vautours de la forêt, qui se couvraient du fallacieux prétexte de la protection des bois, et qui auraient volontiers fait abattre en un seul jour tout ce qui restait d’arbres debout, s’ils en avaient eu le pouvoir, les moyens, et s’ils avaient trouvé des acquéreurs aussi promptement qu’ils eussent fait la destruction prompte et irrémédiable.

Croirait-on que nos forêts étaient menacées d’une destruction complète par le feu, que des colons au désespoir se disposaient à y mettre dans les temps de sécheresse, afin de trancher, par ce terrible moyen, une question qui faisait leur désolation et leur malheur ? On leur disait : « Vous n’avez pas le droit de vendre le bois sur vos lots, mais vous avez le droit de le brûler pour faire des défrichements. » Alors ces malheureux qui, souvent sans aucun moyen d’existence, se voyaient frustrés, au profit