Page:Buies - L'Outaouais supérieur, 1889.djvu/276

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bris et vous montez, entre des tableaux de la passion fixés dans une double haie d’arbustes, le chemin du cimetière que tapissent de nombreux rosiers sauvages et que couronne un massif de cyprès toujours verts. Parvenu au sommet du monticule, vous remarquez, après avoir dépassé une trentaine de tombes, un petit enclos fermé, entourant une grande croix plantée au milieu. C’est là la tombe du Père Laverlochère, surmontée d’une simple planche de trois pouces d’épaisseur, portant l’inscription : 4 octobre 1884, 72 ans.

Sur les bords d’un lac lointain, dans une vaste solitude longtemps ignorée, cette tombe où reposent les restes d’un homme qui a sacrifié sa vie à ses semblables, qui est mort martyr de sa charité, de son amour pour les hommes, est bien plus belle, bien plus éloquente que les plus beaux monuments funéraires élevés à ceux qui furent de grands contempteurs et de grands égorgeurs des autres hommes.

À côté de la tombe du Père Laverlochère, on lit une inscription : Oma Nipa, ce qui signifie : Ici dort. Une autre : Gaganotamasicik : priez pour elle ; et, plus bas, deux petites croix couvrant les tombes de deux enfants.

La vue sur le lac, du haut du monticule, est ravissante. C’est incroyable comme en cet endroit, un des plus charmants peut-être au monde, le grandiose et