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aller vendre les produits de leur chasse où et à qui bon leur semble, et ils y ont gagné de payer leurs provisions moins cher, tout en ayant un meilleur prix de leur marchandise.


III


On serait porté à croire qu’après la chasse sans trêve et sans relâche qu’on a faite aux animaux à fourrures, depuis plus de deux siècles, la plupart

    un être heureux. Il n’a ni soucis ni regrets, excepté peut-être pour sa belle qu’il a laissée loin derrière lui ; alors il chante sa chanson chemin faisant, et cela, mêlé avec l’espoir encourageant de voir ses gages augmentés, de jouir d’un long repos, et des plaisirs de la société, dont le Canadien sait si bien user, le fortifie et lui donne de la vigueur dans ses pénibles voyages.

    Ce passage alternatif d’un travail extraordinaire à l’inactivité absolue, de la solitude parfaite des lacs et des rivières de l’intérieur au commerce ordinaire de la société et de la vie la plus joyeuse, n’est pas beaucoup propre à former un citoyen sobre et paisible. Il y a, cependant, quelque chose dans le caractère social des Canadiens qui paraît servir de sauvegarde contre toutes sortes d’influences malignes ; et le voyageur, de retour dans sa famille, ne diffère pas beaucoup de ses frères, dont les voyages ne s’étendent pas généralement au delà de l’église de la paroisse voisine. Il existe peut-être un peu de folle gaieté dans son ton et dans ses manières, et il est souvent trop porté à jaser, et à raconter de longues histoires, au lieu d’être occupé dans le champ ou dans la grange ;