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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

Le chemin de fer du Nord, qui avait été tour à tour un objet de ridicule et de pitié, qui avait rencontré tous les obstacles, subi la coalition de puissants intérêts hostiles, pendant plus de vingt ans, était maintenant en pleine voie d’exécution. Non seulement on ne discutait plus sa possibilité, mais on commençait même à admettre qu’il donnerait avant peu de beaux bénéfices.

Grâce à la petite ligne qui maintenant reliait la métropole commerciale au grand chef-lieu des « Cantons du Nord, » il s’était produit dans ces derniers un mouvement de colonisation extrêmement remarquable ; et le curé Labelle, pour qui le repos était désormais chose impossible, ne cessait d’y pousser tous les ans de nouveaux essaims qui grossissaient les groupes épars, abattaient la forêt et reculaient de plus en plus les limites du domaine cultivé.

Il n’avait cessé de prêcher, d’écrire. Il avait fondé des sociétés de colonisation, fait ouvrir des chemins nombreux, recueilli de l’argent, par tous les moyens imaginables, pour sustenter ses patriotiques labeurs, invente nombre d’expédients ingénieux pour procurer à ses colons des moyens d’établissement et des ressources temporaires. Il avait animé de son souffle irrésistible tous ceux qui pouvaient contribuer à son œuvre, et à cette œuvre il avait consacré tous les