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L’OUTAOUAIS SUPÉRIEUR

vu s’accomplir dans une succession rapide, depuis une quinzaine d’années, sont tous une école ; mais jusqu’à présent, cette école a été dirigée exclusivement par des Anglais ou par des Américains. Il nous faut arriver à la direction, nous aussi ; il faut qu’il y ait des Canadiens-Français capables d’être, eux aussi, des ingénieurs en chef, ou tout au moins des ingénieurs de section, sur notre propre territoire. Ce n’est pas trop présumer de l’intelligence et de la capacité de nos nationaux, qui, à coup sûr, forment partie de l’espèce humaine et peuvent prétendre, à ce titre, faire aussi bien que les autres peuples, pourvu qu’on leur donne l’instruction et la pratique nécessaires. Prêtons donc tout notre concours à l’exécution de l’œuvre immense qui doit changer la face des quatre cinquièmes du sol national ; prêtons-le activement, fervemment, les uns par la plume, d’autres par la parole, d’autres par l’action ; rendons-la populaire ; amenons, par une pression incessante, les gouvernements à lui accorder de nouvelles subventions, et nous aurons appuyé l’élément français d’Amérique sur l’inattaquable et indestructible rempart des Laurentides ; nous aurons exercé le meilleur moyen de fortifier, de grandir et de rassembler en même temps notre peuple qui, aujourd’hui, se disperse, hélas ! à tous les vents de l’aventure, et va prodiguer à l’étranger des forces dont l’ensemble doublerait presque les nôtres.