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croître, malgré l’éloignement, au point qu’aujourd’hui Son Excellence semble ne pouvoir plus vivre en Canada ailleurs qu’au milieu de nous. Mylord a étudié l’histoire de Québec et il l’a trouvée digne du cadre que la nature environnante fait à la ville ; il a compris surtout qu’il fallait faire quelque chose pour cette noble cité qui perdait tous les jours un lambeau de son passé, et que la décrépitude assaillait sur tous les points en menaçant de remplacer par des rides repoussantes la touchante majesté des ruines. Lord Dufferin relève le Québec qui s’écroule, mais il le relève en l’embellissant ; il veut même ressusciter des monuments entièrement disparus, retenir jusqu’à leur nom, mais en leur donnant un lustre inouï et une disposition nouvelle qui ne soit plus un obstacle au mouvement ; les remparts, jusqu’aujourd’hui ceinture gênante et beaucoup trop étroite pour une ville qui grandit, vont être percés de larges ouvertures pour la circulation, et seront désormais dans l’avenir un souvenir historique en même temps qu’une promenade incomparable tout autour de la capitale.


II


Le plan de mylord Dufferin consiste en un boulevard de ceinture qui, partant de la citadelle, y revient après avoir fait le tour des remparts de la ville. Partout où des rues couperont ce boulevard, comme la rue St. Louis, la rue Dauphine nouvellement prolongée, la rue St. Jean, après la démolition de la porte, et la rue Richelieu qui va être continuée de façon à rejoindre la rue Ste. Hélène où se trouve l’église St. Patrick, les deux côtés de l’intersection seront réunis par un pont d’architecture normande avec tourelles pour en relever l’aspect et en compléter l’effet artistique.